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L’unité profonde des langues : au-delà des différences apparentes

Il est aisé de constater les différences qui existent entre les langues. Pourtant, les langues sont intrinsèquement plus proches l’une des autres qu’elles ne sont mutuellement éloignées. Cet article traite des propriétés et caractéristiques universelles qui régissent toutes les langues du monde.

Certaines informations nous semblent contre-intuitives. Entendre des gens dire que les langues se ressemblent plus qu’elles ne se diffèrent peut nous choquer. Mais cela ne choquera pas tout monde. Les gens qui parlent plusieurs langues par exemple peuvent remarquer beaucoup de similitudes entre elles. La linguistique rend compte de ces similitudes de manière claire et précise. « Il n’y a pas de différence de nature entre les langues », nous fait savoir Marina Yaguello. « Toutes les langues ont en commun certaines propriétés et caractéristiques « universelles » qui définissent justement le langage. » Quelles sont ses propriétés ?

« Une langue », selon le linguiste André Martinet, « est un instrument de communication selon lequel l’expérience humaine s’analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d’un contenu sémantique et d’une expression phonique, les monèmes ; cette expression s’articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque langue, et dont la nature et les rapports mutuels diffèrent eux aussi d’une langue à l’autre ». Qu’est-ce que cela peut-il bien vouloir dire dans un langage profane ? Cela veut dire qu’est langue toute manière de parler ayant une quantité de sons – les phonèmes – limités, distincts entre eux et dénués de sens qui permet la construction d’énoncés sensés, les morphèmes, qu’on appelle monèmes dans la terminologie de Martinet.

Illustrons cela avec le mot « fleur ». En français, « fleur » a un contenu sémantique, c’est-à-dire, il a un sens. Il a non seulement un sens, mais aussi une expression phonique se rapportant aux sons, à la voix. Mais le mot « fleur » est aussi composé d’unités distinctives, les phonèmes représentés par les lettres F – L – E – U – R, qui se succède de manière linéaire, car nous les prononçons l’un après l’autre. Cette caractéristique de toutes les langues humaines – que vous parlez français, chinois, hindi, lingala ou créole – sera appelée la double articulation par Martinet.

Ce sera Chomsky, quelques années après Martinet qui rendra merveilleusement compte, à travers sa théorie des principes et des paramètres, de l’unité du langage. La grammaire est organisée autour de principes universels, communs à toutes les langues, qui définissent la grammaire universelle (GU). Les principes font partie des dispositifs biologiques du cerveau humain permettant l’acquisition du langage. La théorie grammaticale établit des paramètres qui décrivent comment chaque langue satisfait à certains principes fondamentaux. Ces paramètres permettent de mettre en lumière les différences et les similitudes entre langues proches ou éloignées sur le plan typologique (comme par exemple le paramètre déterminant l’ordre des mots au sein des syntagmes).

Pour illustrer cela, dirigeons-nous vers la syntaxe qui étudie à l’organisation des mots dans la phrase. Toute phrase est constituée de deux parties majeures : Le syntagme nominal et le syntagme verbal, les fameux groupe sujet et groupe verbal que nous avons appris à l’école. La phrase de base de chaque langue du monde est ainsi constituée. C’est un principe. Mais la position des syntagmes peut ne pas être la même dans toutes les langues, car chacune obéit à ses propres paramètres. Pour mieux comprendre ce que nous devons entendre par principe et paramètre, faisons une petite comparaison entre le créole haïtien et le français au niveau du syntagme nominal qui est constitué du déterminant et du nom.

Prenons en français le syntagme :
Le riz, où « le » est un déterminant défini et « riz », un nom.
En créole haïtien, cela donnera :
Diri a, où « diri » est un nom et « a », un déterminant défini.

Les principes veulent que le syntagme nominal soit constitué d’un déterminant et d’un nom (même si la place du déterminant peut rester vide dans certaine situation) mais les paramètres de chaque langue décident de la place de chaque constituant dans la chaine.

Il serait temps de parler du niveau de complexité dans les langues. Est-ce qu’il existerait des langues plus complexes que d’autres ? À cette question, Yaguello nous répond : « Il n’y a pas de langues « simples » et de langues « complexes ». Toutes sont également simples et complexes. Il y a longtemps qu’on a fait justice de la théorie des « stades » qui hiérarchisait les langues du stade primitif au stade développé en fonction du degré de « civilisation » de leurs locuteurs. » Il est vrai que nous pouvons trouver une structure particulièrement complexe dans une langue qui ne se trouve pas dans une autre langue… Mais sachons que cela est réciproque. La forme passive qui existe en français et dans de nombreuses langues latines n’existe pas en créole haïtien, c’est-à-dire, la phrase créole qu’on pourrait traiter de passive n’exprime jamais l’agent. Alors que la forme canonique de la phrase passive est Sujet – Verbe – Agent (SVA), le créole ne va jamais exprimer l’agent. Mais en retour, aucune de des langues latines n’ont des formations phrastiques avec des verbes en série possible dans en créole haïtien et dans de nombreux autres créoles. Par exemple, dans la phrase Mari tonbe mache chèche ti poul la tout kote, les verbes tonbe, mache et chèche se suivent, formant ainsi une série verbale complexe.

En plus, s’il y avait des langues plus complexes que d’autres, certains enfants de certains environnements linguistiques prendraient beaucoup plus de temps à acquérir leur langue maternelle que d’autres enfant de certains autres environnements linguistiques. Pourtant ce n’est pas le cas. Les observations faites dans le domaine de l’acquisition du langage ont montré que les enfants de tous les environnements linguistiques acquièrent leur langue maternelle entre deux à quatre ans. Que notre langue maternelle soit le créole haïtien ou le chinois, nous avons mis le même temps pour reconnaitre son système et commencer à parler.

En définitive, malgré les apparences trompeuses et les différences évidentes entre les langues du monde, celles-ci partagent des propriétés universelles fondamentales qui témoignent de leur unité profonde. Qu’il s’agisse de la double articulation en sons et unités de sens, ou des principes régissant la structure phrastique élémentaire, toutes les langues humaines répondent aux mêmes exigences dictées par la faculté de langage inscrite dans le cerveau.

Si les paramètres qui déclinent ces principes de base peuvent grandement varier selon les idiomes, ce phénomène de variation réciproque garantit une parité globale en termes de complexité. Aucune langue ne peut être considérée comme intrinsèquement plus simple ou plus complexe qu’une autre. Les spécificités propres à chaque système linguistique se compensent mutuellement, préservant un équilibre remarquable.

Ce constat est d’ailleurs corroboré par le rythme universel d’acquisition du langage chez les enfants, qui ne varie pas significativement d’une langue à l’autre. Les tout-petits parviennent à maîtriser les subtilités de leur langue maternelle, quelle que soit sa complexité supposée, dans des délais semblables.

La diversité apparente des langues n’est donc qu’un leurre dissimulant une parenté substantielle. En cela, l’entreprise linguistique accomplit un prodige : unir l’humanité dans la pluralité, par-delà les différences superficielles de formes et de sons. Une harmonie que seule la science du langage peut nous permettre d’apprécier pleinement.

Jocelyn Godson HÉRARD,Copywriter H-translation

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