Dans cet article inspiré des travaux d’Émile Benveniste, nous explorons la nature du signe linguistique et les niveaux d’analyse du langage. En revisitant les théories de Saussure, Benveniste propose une distinction clé entre sémiotique et sémantique, tout en révélant la singularité du langage humain. Une réflexion essentielle pour comprendre les mécanismes qui sous-tendent notre capacité à communiquer et interpréter le monde.

Les travaux de Benveniste sur la linguistique générale ont profondément renouvelé la compréhension de concepts fondamentaux tels que le signe linguistique et les niveaux d’analyse. En reprenant et en critiquant les approches de Ferdinand de Saussure, Benveniste a proposé une révision théorique qui met en lumière les tensions inhérentes à la relation entre langage et pensée, tout en offrant des outils analytiques pour examiner le fonctionnement du langage humain.
Dans ses réflexions sur la nature du signe linguistique, Benveniste souligne les limites de l’approche sémiologique de Saussure. Ce dernier définissait le signe comme une entité composée d’un signifiant (une image acoustique) et d’un signifié (une image mentale), reliés de manière arbitraire. Toutefois, Benveniste critique cette conception en soulignant une contradiction fondamentale : malgré l’affirmation saussurienne d’un lien arbitraire entre signifiant et signifié, l’analyse semble implicitement s’appuyer sur une substance ou une réalité extérieure pour valider cette relation. Selon Benveniste, cette incohérence découle d’un relativisme scientifique propre à l’époque de Saussure, qui limite la portée véritablement formelle de sa théorie.
Pour dépasser cette contradiction, Benveniste redéfinit le lien entre signifiant et signifié comme nécessaire dans l’esprit du locuteur. Selon lui, ces deux dimensions du signe sont inséparables et coexistent dans la conscience du sujet parlant, créant une unité insécable. L’arbitraire, en revanche, réside dans le rapport entre le signe et le référent, c’est-à-dire dans le choix de tel signe pour désigner telle réalité. Cette distinction permet d’exclure la relation arbitraire du domaine strictement linguistique, la reléguant à un niveau soit pragmatique, soit philosophique. Ce déplacement théorique recentre l’analyse linguistique sur la structure interne du langage, sans dépendre d’une substance extérieure.
Cette révision du concept de signe linguistique a des implications directes sur les niveaux d’analyse linguistique. Benveniste établit que chaque unité linguistique n’a de sens que par rapport à une unité supérieure dans laquelle elle s’intègre. Par exemple, un phonème ne prend son sens que dans le cadre d’un mot, et un mot dans celui d’une phrase. Cependant, les mots et les phrases posent des problèmes spécifiques : alors que le mot agit comme une charnière entre le système formel du langage et le discours, la phrase constitue une unité autonome, irréductible à ses composantes. En effet, la phrase, par sa prédication, dépasse la somme de ses parties et instaure un sens global qui ne peut être reconstruit à partir des unités isolées. Cette dualité des unités linguistiques reflète une organisation en deux systèmes distincts : le système sémiotique, propre aux signes, et le système sémantique, propre au discours.
Benveniste distingue ainsi deux modes de signifiance : le mode sémiotique et le mode sémantique. Le sémiotique se concentre sur l’analyse formelle des signes en tant qu’unités oppositives reconnues au sein d’une communauté linguistique. Il s’agit d’identifier les critères distinctifs qui permettent de distinguer un signe d’un autre. En revanche, le mode sémantique, propre au discours, s’intéresse à l’interprétation des mots en contexte. Ici, les mots prennent leur valeur dans une situation de référence concrète, où le sens global précède et détermine les unités particulières. Cette dichotomie met en lumière deux dimensions complémentaires de la langue : d’une part, son organisation interne en signes, et d’autre part, sa fonction communicative dans le discours.

Benveniste distingue ainsi deux modes de signifiance : le mode sémiotique et le mode sémantique. Le sémiotique se concentre sur l’analyse formelle des signes en tant qu’unités oppositives reconnues au sein d’une communauté linguistique. Il s’agit d’identifier les critères distinctifs qui permettent de distinguer un signe d’un autre. En revanche, le mode sémantique, propre au discours, s’intéresse à l’interprétation des mots en contexte. Ici, les mots prennent leur valeur dans une situation de référence concrète, où le sens global précède et détermine les unités particulières. Cette dichotomie met en lumière deux dimensions complémentaires de la langue : d’une part, son organisation interne en signes, et d’autre part, sa fonction communicative dans le discours.
Enfin, Benveniste souligne la spécificité du langage humain par rapport à d’autres systèmes de signaux. Si des systèmes comme les codes de la circulation ou les gestes de politesse peuvent être décrits en termes sémiotiques ou sémantiques, seul le langage intègre simultanément ces deux dimensions. Cette double capacité permet au langage d’interpréter non seulement lui-même, mais aussi tous les autres systèmes de signaux, une propriété unique que Benveniste appelle « la capacité d’interprétance ». La langue humaine devient ainsi le méta-système par excellence, capable de catégoriser et de donner sens à tous les autres systèmes sémiotiques.

En conclusion, les travaux de Benveniste offrent une perspective riche et nuancée sur la linguistique, en réconciliant l’analyse formelle des signes avec la dynamique du discours. Sa distinction entre sémiotique et sémantique, ainsi que son insistance sur la spécificité du langage humain, fournissent des outils essentiels pour explorer la complexité des phénomènes langagiers. Cette approche, en revisitant les fondements de la sémiologie saussurienne, ouvre des voies nouvelles pour comprendre comment le langage structure notre expérience du monde et notre rapport aux autres.
Jocelyn Godson HÉRARD, Copywriter H-Translation