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La grammaire, est-ce vraiment ce que vous croyez?

Embarquez pour un voyage fascinant au cœur de la grammaire, ce concept protéiforme qui façonne notre rapport au langage. De l’intuition du locuteur natif aux normes académiques, en passant par les subtilités des langues non écrites, cet article vous invite à explorer les multiples facettes d’un phénomène linguistique aussi complexe qu’essentiel.

Introduction

La grammaire, ce mot qui fait souvent frémir, évoque pour beaucoup les souvenirs lointains de règles austères apprises sur les bancs de l’école. Pourtant, derrière cette façade rigide se cache un univers d’une richesse insoupçonnée, un kaléidoscope linguistique aux mille reflets. Loin d’être un simple ensemble de préceptes figés, la grammaire se révèle être un concept aux multiples visages, aussi fluide que le langage qu’elle tente de décrire.

Dans les méandres de cette notion complexe, nous allons naviguer entre les écueils des idées reçues, explorer les terres méconnues des langues sans écriture, et tenter de comprendre comment chaque locuteur, qu’il en soit conscient ou non, est un grammairien en puissance. Prenons le temps de dénouer les fils de cette tapisserie linguistique, où s’entremêlent l’inné et l’acquis, le prescriptif et le descriptif, le flou et le précis.

Les mythes grammaticaux : Une déconstruction nécessaire

A. Le Mirage de l’absence grammaticale

Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette affirmation péremptoire : “Les langues non écrites n’ont pas de grammaire” ? Cette idée, aussi répandue que fallacieuse, mérite qu’on s’y attarde. Car derrière cette assertion se cache une confusion fondamentale sur la nature même de la grammaire.

Imaginez un instant une langue qui se serait développée sans le carcan de l’écriture, libre comme l’air, se transmettant de bouche à oreille au fil des générations. Cette langue, aussi insaisissable qu’elle puisse paraître à nos yeux habitués aux caractères imprimés, possède bel et bien une structure, un squelette grammatical qui lui permet de se tenir debout. Les règles qui la régissent, pour n’être pas couchées sur le papier, n’en sont pas moins réelles et contraignantes pour ses locuteurs.

La transcription d’une langue, lorsqu’elle survient, s’accompagne certes souvent d’un processus de standardisation. On voit alors émerger des grammaires prescriptives, ces ouvrages qui tentent de figer la langue dans un moule parfait. Mais ne nous y trompons pas : ces grammaires ne font que mettre en lumière, de façon parfois maladroite, les structures préexistantes de la langue. Elles ne les créent pas ex nihilo.

B. Le leurre de la simplicité morphologique

Une autre idée reçue, tout aussi tenace, voudrait que certaines langues, le chinois par exemple, soient “sans grammaire”. Ici encore, il nous faut démêler le vrai du faux. Cette affirmation repose sur une confusion entre grammaire et morphologie, entre la structure globale de la langue et la façon dont ses mots se déclinent.

Il est vrai que le chinois, langue isolante par excellence, ne connaît pas les déclinaisons complexes du latin ou les conjugaisons alambiquées du français. Ses mots, souvent monosyllabiques, restent immuables quelle que soit leur fonction dans la phrase. Mais en déduire une absence de grammaire serait une erreur grossière.

La grammaire du chinois, pour être différente de celle des langues indo-européennes, n’en est pas moins riche et complexe. Elle repose sur d’autres mécanismes, comme l’ordre des mots ou l’utilisation de particules, qui demandent tout autant d’apprentissage et de maîtrise que la mémorisation des déclinaisons latines.

Les visages multiples de la grammaire

A. La grammaire prescriptive : Le carcan doré

Parlons maintenant de cette grammaire que nous connaissons tous, celle qui a bercé (ou hanté) nos années d’école : la grammaire prescriptive. Cette grammaire-là, c’est celle des manuels scolaires, des dictées redoutées, des règles apprises par cœur et des exceptions qui les confirment.

Elle se veut gardienne d’une langue idéale, pure, parfaite. Elle trace des frontières nettes entre le correct et l’incorrect, érige des barrières entre le bon usage et le langage familier. Cette grammaire-là a ses vertus : elle permet une standardisation de la langue, facilite l’apprentissage, offre un cadre commun à tous les locuteurs.

Mais elle a aussi ses travers. En figeant la langue dans un moule rigide, elle peut créer un sentiment d’insécurité linguistique chez les locuteurs. Combien d’entre nous ne se sont-ils pas exclamés, gênés : “Moi, je n’ai jamais fait de grammaire” ? Comme si la maîtrise de ces règles prescriptives était le seul gage de légitimité linguistique.

B. La grammaire descriptive : Le miroir du réel

Face à cette approche normative, les linguistes ont développé une autre vision : la grammaire descriptive. Celle-ci ne cherche pas à dicter ce qui est correct ou non, mais simplement à observer et à décrire comment la langue est effectivement utilisée par ses locuteurs.

Cette approche reconnaît la variabilité inhérente à toute langue vivante. Elle s’intéresse aux différents registres, aux variations régionales, aux évolutions au fil du temps. Elle ne juge pas, elle constate. Elle ne prescrit pas, elle décrit.

C. La grammaire interne : le trésor caché

Mais il existe une troisième forme de grammaire, peut-être la plus fascinante de toutes : la grammaire interne. C’est celle que chaque locuteur natif porte en lui, souvent sans même en avoir conscience. Cette grammaire-là, on ne l’apprend pas dans les livres. Elle se construit naturellement, au fil de l’acquisition du langage.

C’est cette grammaire intuitive qui nous permet de former des phrases correctes sans avoir à réfléchir aux règles que nous appliquons. C’est elle qui nous fait froncer les sourcils quand nous entendons une construction qui “sonne faux”, même si nous serions bien en peine d’expliquer pourquoi.

Cette grammaire interne est d’une richesse et d’une complexité inouïes. Elle englobe non seulement la syntaxe et la morphologie, mais aussi des aspects plus subtils comme la prosodie ou les nuances sémantiques. C’est elle qui fait de chaque locuteur natif un expert de sa langue, capable de jugements d’acceptabilité grammaticale souvent plus fiables que les règles prescriptives les plus élaborées.

Le locuteur natif : grammairien malgré Lui

A. L’Expert insoupçonné

Qu’est-ce donc qu’un locuteur natif ? C’est celui qui a acquis une langue dans sa prime enfance, qui la manie avec une aisance totale. Ce n’est pas nécessairement la langue de ses parents, ni celle du pays où il est né. C’est la langue dans laquelle il pense, celle qui lui vient naturellement aux lèvres.

Ce locuteur natif est le détenteur d’une compétence linguistique précieuse. Il est capable, sans formation particulière, de se prononcer sur la grammaticalité d’un énoncé. Son jugement, basé sur son intuition linguistique, est d’une importance capitale pour les linguistes qui cherchent à comprendre le fonctionnement réel de la langue.

B. Les frontières floues de la nativité linguistique

Mais la notion de locuteur natif, pour claire qu’elle paraisse, n’est pas exempte de complexités. Que dire, par exemple, des locuteurs de grandes langues véhiculaires comme l’anglais ou le français en Afrique ? Ces “quasi-natifs”, qui ont fait toute leur scolarité dans une langue qui n’est pas celle de leur foyer, possèdent une compétence linguistique qui brouille les frontières traditionnelles.

Et que penser de ces locuteurs natifs issus de milieux défavorisés, qui doutent de leur propre compétence face à la norme prescriptive enseignée à l’école ? L’insécurité linguistique, ce sentiment de ne pas maîtriser “correctement” sa propre langue, vient complexifier encore notre compréhension de ce qu’est un locuteur natif.

Le flou : Essence même du langage

A. La Variation, Norme Paradoxale

S’il est une caractéristique fondamentale de la langue, c’est bien le flou. Flou des frontières entre les dialectes, flou de la limite entre ce qui se dit et ce qui ne se dit pas, flou de la frontière même de ce qui constitue une langue.

Cette variabilité inhérente au langage est souvent perçue comme un défaut, une imperfection qu’il faudrait corriger. Mais n’est-elle pas, au contraire, la marque même de la vitalité d’une langue ? N’est-ce pas cette capacité à s’adapter, à évoluer, à jouer avec les frontières qui fait la richesse et la beauté du langage humain ?

B. La standardisation : une illusion nécessaire ?

Face à ce flou, la standardisation linguistique apparaît comme une tentative de mettre de l’ordre dans le chaos. Elle offre un cadre commun, facilite la communication à grande échelle. Mais à quel prix ? En érigeant une norme unique en modèle absolu, ne risque-t-on pas de déposséder les locuteurs de leur légitimité linguistique ?

Le sentiment répandu chez les francophones de ne pas être qualifiés pour juger du bon usage de leur propre langue est symptomatique de cette dépossession. On en vient à se reposer entièrement sur les “spécialistes”, seuls détenteurs légitimes de la norme, oubliant que la langue appartient d’abord à ceux qui la parlent.

 

Conclusion

Au terme de ce voyage au cœur de la grammaire, que retenir ? Peut-être avant tout que la grammaire, loin d’être un ensemble de règles figées, est un concept aussi vivant et dynamique que la langue elle-même. De la grammaire interne du locuteur natif aux normes prescriptives en passant par les descriptions des linguistes, elle se décline en une multitude de facettes, toutes nécessaires à notre compréhension du langage.

Reconnaître la complexité et la fluidité inhérentes à la grammaire, c’est aussi reconnaître la richesse et la diversité des langues humaines. C’est accepter que le langage, dans son essence même, échappe aux catégories rigides dans lesquelles on voudrait parfois l’enfermer.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez quelqu’un s’excuser en disant “Moi, je n’ai jamais fait de grammaire”, rappelez-vous : nous faisons tous de la grammaire, à chaque instant, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Car la grammaire n’est pas un carcan imposé de l’extérieur, mais le cœur battant de notre faculté de langage, ce miracle quotidien qui nous permet de communiquer, de penser, de rêver.

La grammaire, finalement, c’est la vie même de la langue. Et comme la vie, elle est complexe, changeante, parfois insaisissable, mais toujours fascinante pour qui sait l’observer avec un regard neuf.

Jocelyn Godson HÉRARD, Copywriter H-translation

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